Qu’elles soient structurelles (sensibilité environnementale, développement des nouvelles technologies, etc.) ou potentiellement récurrentes (canicule…), certaines évolutions et situations pèsent désormais d’un poids suffisamment fort pour que tous les acteurs de la chaîne des résidences soient contraints de s’emparer de ces enjeux pour y apporter des réponses concrètes.
L’adaptation à marche forcée des services de vie étudiante avec une nouvelle place du télé-enseignement est en cours. Les études convergent sur ce point : aucun étudiant n’appelle de ses vœux un retour en arrière, aux seuls cours magistraux en amphi couplés à des TD en petits groupes, exclusivement dans l’enceinte de l’Université. De fait, il faut vivre avec son temps ! Selon l’enquête de la FAGE, 81% des étudiants souhaitent que le numérique se développe à l’Université (58% l’envisagent en complément du présentiel, 23% en remplacement pur et simple de ce dernier). Selon une étude Inkidata pour Repeat-Les Influenceurs, réalisée avec Open Partners, les étudiants semblent même avoir une idée assez précise de leur semaine idéale de travail : 2,5 jours au domicile, 2 jours au sein de l’établissement d’enseignement supérieur, auxquels s’ajoute une demi-journée de travail dans un espace dédié, sur le modèle du coworking.
Mieux qu’une simple évolution des pratiques, cette véritable révolution des « modes d’enseigner » promet aussi, si l’on parvient à l’appréhender sans précipitation, des métamorphoses profondes de « l’enseignement à la papa ». On a pu à ce titre relever d’indéniables effets positifs de ces nouveaux usages, pendant le confinement, là où les enseignants et établissements ont accepté de jouer pleinement le jeu du distanciel : d’abord, une inversion de la relation enseignant/enseigné, quand les étudiants ont aidé certains enseignants à se familiariser avec les plateformes, rendant ainsi plus proactives les interactions ; ensuite, une hausse de la participation des étudiants via les tchats, au sein des cours à distance bien gérés, voire de plus denses interactions entre pairs.
Toutes ces réflexions auront un impact sur la conception des bâtiments, les espaces et leur distribution : il faut repenser le lieu de vie, et envisager pour ce faire les espaces dans leur totalité (espaces communs/collectifs, mais aussi couloirs, terrasses, parkings, pelouses…). Les logements en tant que tels sont eux aussi interrogés : quelle forme leur donner, à l’avenir ? Logements individuels, collectifs, partagés, ou encore d’autres formes, plus ou moins hybrides, à inventer ? En fonction de la réponse qui aura été donnée à la question précédente, il conviendra alors de se demander quels équipements réserver à la « cellule privative » et quels équipements proposer au sein des espaces communs ou partagés.
Peut-on rêver de résidences satellites de l’Université ? A ce dernier titre, Sciences-Po a récemment mis en place le concept du double campus : un campus réel, consacré à des travaux de groupe, et un campus virtuel, proposant des cours et ressources en ligne. Ceci, entre autres, pour répondre à la demande des étudiants internationaux qui ne pouvaient pas se déplacer. Cette idée rejoint celle du « Campus augmenté ».
Mais dans ce cas, ne pourrait-on pas imaginer que les résidences deviennent partie intégrante de ce campus augmenté, « satellites » à part entière de l’Université ? Une hypothèse qui, à condition d’être minutieusement envisagée sous tous ses angles, ne paraît pas aussi fantaisiste qu’on pourrait le croire…
Enfin, pour conclure sur ce point, nous voudrions mettre l’accent sur la construction industrielle, et en particulier la construction modulaire, qui est un procédé permettant la livraison rapide et à coût restreint d’une offre massive de nouveaux logements. En 2010, un appel à projets national lancé par le CNOUS a abouti à la création d’une dizaine de résidences. Depuis lors, les acteurs concernés attendent un nouvel élan.