L’appartement (ou la résidence) correspond-il à la réalité de l’annonce ? La deuxième édition du baromètre annuel réalisé par le cabinet d’études Occurrence pour l’Association interprofessionnelle des résidences étudiants et services (AIRES), auprès de locataires des résidences dont les gestionnaires sont adhérents de l’association, apporte des réponses à cette question fondamentale. La ville universitaire est un atout pour la résidence, et peut répondre aux nouveaux enjeux d’attractivité à condition que l’audace retrouve ses lettres de noblesse en politique.

Article paru dans Universités & Territoires n° 168

En 2021, Maxime Boyer, vice-Président de l’AVUF, écrivait dans un courrier à ses collègues élus des villes universitaires : « La majorité des résidences étudiantes dans nos villes sont réservées à distance par les étudiants, ou leurs parents, uniquement sur des critères de prix ou de localisation approximative – et qui subissent assez souvent de mauvaises surprises. » 

L’AIRES avait à l’époque immédiatement réagit auprès de Maxime Boyer, et s’était inscrite en faux sur trois éléments, affirmés dans ce courrier comme des vérités :  

« Tout d’abord, nous partageons le fait que la recherche et la réservation d’une résidence se réalise à distance. Ce n’est pas la majorité mais la quasi-totalité. 

Ensuite, est évoquée “la localisation approximative”. Ce concept nous échappe…. Google ou les différentes plateformes n’identifient pas de “localisation approximative”. Une résidence pour étudiant est un bâtiment avec une adresse qui n’est pas confidentielle. De plus, de nombreuses plateformes/sites internet proposent des visites virtuelles en ligne.

Enfin, nous considérons que le “assez souvent” est caricatural et que le discernement devrait être de rigueur. En effet, si c’était le cas, les plaintes auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ne se seraient-elles pas multipliées ? Ce qui est décrit ne nous semble donc pas correspondre à la réalité. Un “parfois” aurait été un qualificatif plus précis et juste. »

La ville universitaire, un atout majeur. 

Au-delà de ces arguments, l’AIRES a souhaité connaître l’avis des étudiants. Dès 2022, le Baromètre d’attractivité des résidences a permis de revenir sur ce sujet à travers une question : « Diriez-vous que l’annonce / la description que vous avez eue de la résidence et de votre appartement correspond à la réalité ? » En 2023, 85% des répondants (contre 87% la première année) déclarent que l’annonce de leur résidence correspond à la réalité. Nous sommes donc trés loin de l’idée reçue concernant les « mauvaises surprises ». 

Ceci étant dit, le baromètre peut réjouir Maxime Boyer, puisque les villes de résidence sont perçues très positivement. « Concernant la ville de résidence, diriez-vous qu’elle favorise la vie des étudiants (jeunes) ? » 70% des répondants déclarent que leur ville de résidence favorise la vie étudiante. Les étudiants en BTS et classes préparatoires affichent, avec 77%, un taux de réponse encore plus positif. Les jeunes qui habitent une résidence depuis plus d’un an sont plus déçus (67%) que ceux qui y habitent simplement depuis plus de 3 mois (74%). 

La résidence à l’épreuve des réalités : un plébiscite

Le baromètre montre également que la vie dans les résidences est très majoritairement “agréable”, voire “très agréable” pour un quart des répondants. Au total 85% des répondants déclarent que leur vie est “agréable”. Ce résultat est à mettre en relation avec celui du moral des Français. Selon un étude IFOP d’août 2023, 74% d’entre eux se disent “pessimistes” en pensant à l’avenir. Chez les jeunes entre 16 et 24 ans, ils ne sont “que” 68% à le faire, et 65% pour les 25/34 ans. 

Les résidences apparaissent globalement bien situées géographiquement : 87% des résidents répondent par l’affirmative à cette question.  91% des répondants considèrent que la résidence est bien desservie par les transports en commun ou autre mobilité douce (vélos, trottinettes…). 84% jugent qu’elle est proche des commerces de proximité. 72% qu’elle est proche de leur établissement supérieur. 


Retour à la politique : être audacieux 

Le 25 janvier dernier, Emmanuel Macron a déclaré : « On veut 30 000 étudiants (indiens) pour 2030 donc il faut y aller. On veut avoir plus d’étudiants indiens en France ». Comment ne pas souscrire à cette déclaration présidentielle ? L’attractivité de la France et des territoires passe en grande partie par les étudiants, et pour cela notre pays doit pouvoir disposer d’une offre suffisante de logements. Gabriel Attal est empreint du même volontarisme. Conscient de la crise immobilière, le nouveau Premier Ministre a déclaré : « On va aller chercher tous les logements possibles avec les dents. »

La volonté est là, mais elle ne suffit pas sans mesures audacieuses. Prenons un seul exemple, avec une idée que porte l’AIRES depuis de nombreuses années : celle des terrains “dotationnels”. Le besoin urgent et quantitativement important de logements pour les étudiants se concentre dans les grandes métropoles – l’Île-de-France en tête. Or, c’est dans ces territoires que le prix du foncier a le plus “flambé” ces dernières années, rendant difficile la production de résidences étudiantes, tout en gardant des objectifs de prix de loyers conformes au pouvoir d’achat d’une grande partie des étudiants. 

L’AIRES propose que des terrains appartenant à des propriétaires privés, des collectivités ou à l’Etat, puissent être réservés et affectés au logement étudiant sous réserve qu’il s’engage à respecter le plafond fixé par la garantie VISALE. En Espagne, il s’agit de terrains dits “dotationnels”. Ces terrains “ dotationnels” pourraient faire l’objet d’une simplification et d’une réduction des délais dans les procédures liées au dépôt, à l’instruction et à la délivrance des permis de construire de logements dédiés aux jeunes…

L’AIRES est à la disposition de M. Guillaume Kasbarian nouveau ministre du logement pour contribuer à relever ces défis.

contact@aires.fr

Baromètre d’attractivité des résidences AIRES

Exactement 5 375 étudiants (dont une majorité de femmes) ont été interrogés, 34% travaillant en apprentissage/alternance ou en parallèle de leurs études. Parmi ceux qui se déclarent boursiers, 26% résident en logement conventionné et 74% en privé (les logements conventionnés ne représentant que 30% du panel), montrant ainsi l’importance du rôle social que joue le parc hors-Crous en France. 75% de ces jeunes perçoivent une aide au logement, tandis que 38% viennent d’arriver en résidence cette année, 24% sont résidents depuis l’an dernier et 38% depuis plus longtemps.

Télécharger le baromètre